Projet Islero

Francisco Oltra, José María Otero de Navascués, Guillermo Velarde, Javier Goicolea, Paul Barbour et Robert Loftness lors de l’inauguration du Centre national d’énergie nucléaire Juan Vigón dans la Cité universitaire de Madrid le .

Le projet Islero est une tentative, entreprise par l’Espagne sous le franquisme et durant la période de la Transition démocratique, de se procurer un arsenal nucléaire, en particulier la bombe atomique.

Ce projet, l’un des plans les plus secrets du franquisme, et dont l’objectif était de donner à l’Espagne les moyens d’une politique extérieure et de défense autonome, était indissociable de l’idéologie nationaliste du régime, lequel, quoique peu atlantiste, avait été contraint en 1953, pour des raisons de survie, de pactiser avec les États-Unis.

Conçu à la fin de la décennie 1950, au lendemain de l’indépendance du Maroc, dans le but de faire échec aux visées territoriales de ce jeune État et de le dissuader d’envahir Ceuta, Melilla et le Sahara espagnol, le projet put bientôt compter sur l’aide technologique française, notamment pour la construction d’un réacteur, de Gaulle voyant en effet d’un bon œil l’émergence en Europe d’une puissance alliée et réfractaire à l’OTAN. Pourtant, le projet Islero, dont la direction avait été confiée à l’ingénieur militaire Velarde, sembla tout d’abord ne pas devoir aboutir, lorsqu’un accident d’avion dans l’espace aérien espagnol en 1966 vint mettre Velarde en possession d’un détonateur et du mécanisme de la bombe H, ce qui lui permit d’envisager (si l’on en croit un rapport par lui rédigé en 1971) la fabrication effective et prochaine d’une bombe nucléaire. Cependant, sous la pression américaine, et par l’enthousiasme entre-temps refroidi de Franco lui-même, qui redoutait le contrecoup international d’un tel plan, et en dépit de la promotion active faite par quelques hauts dignitaires du régime, en particulier Carrero Blanco et Muñoz Grandes, le projet fut mis en veilleuse. Si les travaux furent, même après la mort du Caudillo, poursuivis sous Adolfo Suárez puis sous le gouvernement socialiste, le projet Islero sera finalement abandonné définitivement en 1981 par le PSOE, pour qui l’adhésion à la CEE était un objectif prioritaire, que ce projet était susceptible de compromettre.


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